« L’Année de Grâce » : Qui survivra à la folie ? ☆☆☆☆/☆

Salut à tous ! Vous ne trouvez pas que ça fait longtemps qu’on n’a pas parlé d’une bonne dystopie sur ce blog ? Moi je trouve que oui ! Je vous en parle peu pourtant je suis une grande fan de ce style littéraire : Hunger Games, Le Labyrinthe, Le Jeu du Maître, Darkest Minds et j’en passe ! C’est des univers dans lesquels j’embarque totalement ! L’an dernier un one-shot est sorti et a provoqué un tollé de réactions étant présenté comme un « Hunger Games aux valeurs féministes« . Comme d’habitude j’attends la fin de la « hype » autour du roman pour éviter de me faire influencer par l’opinion publique et ainsi me faire ma propre opinion (ce n’est pas vraiment un bon move si on parle en matière de marketing mais je m’en fiche, je fais ce que je fais par passion). Aujourd’hui je vais vous parler de « L’Année de Grâce » de Kim Liggett aux éditions Casterman et traduit par Nathalie Peronny.

L’Année de Grâce existe, pourtant personne n’en parle. Il est interdit de l’évoquer même si tu l’as vécu. Les filles de 16 ans auraient une « magie » qui leur permettraient d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Pour lutter contre l’essence que les jeunes filles développent lors de cette fameuse année elles sont bannies afin de dissiper la magie afin qu’elles puissent être réintégrer par la suite dans la société. Il s’agit d’un an d’exil dans la forêt, un an d’épreuves où certaines tomberont dans la folie, d’autres mourront pendant que certaines seront sacrifiées ou torturées. Vous allez vous demander pourquoi elles ne s’échappent pas ? Tout simplement parce que si elles quittent le campement elles se confronteront aux braconniers, des hommes sanguinaires payés pour assassiner les jeunes filles et ramener les morceaux des corps pour gagner de l’argent. Personne ne sort indemne de cette épreuve et Tierney, notre héroïne, va en faire les frais…

« C’est le problème, quand on laisse entrer la lumière : dès qu’on vous la reprend, l’obscurité paraît encore plus terrible.« 

Commençons par parler de la couverture. Personnellement je suis totalement amoureuse de ce visuel que je trouve très attirant. On y voit une jeune fille, Tierney, avec une longue tresse et un ruban rouge au bras. La tresse est un grand symbole dans le roman, une forme d’image d’enfermement dans la condition de femme soumise. Le ruban représente la condition de la jeune fille : il y a la couleur blanche, noir et dans le cas actuel de la couverture rouge. Le rouge symbolise l’âge où les jeunes filles deviennent des femmes, où elles sont réglées etc. Le feuillage en arrière plan un rappel de la forêt où se passe la grande majorité de l’histoire, l’endroit où les filles doivent perdre leur « magie ». Je trouve que le rose des lettres apporte de la douceur à la couverture face aux autres couleurs qui apportent un côté inquiétant.

Honnêtement c’est un livre qui m’a vraiment choqué en tant que femme parce que je me suis demandée comment il était possible que des êtres humains acceptent de se soumettre et de subir à ce point. Quand j’ai vu toutes les règles que les jeunes filles subissent dans cette société comme l’interdiction de détacher leurs cheveux, ou qu’elles doivent être habillées d’une façon précise, qu’elles doivent être discrète et se taire ça m’a révolté mais au fond, en fait, je crois que ce n’était même pas le pire. Avant de partir en année de Grâce les jeunes filles doivent supporter la cérémonie du voile où des hommes décident, selon les filles qui vont partir, laquelle sera leur femme. Bien évidemment les femmes n’ont aucun choix à faire puisque les choix seront fait pour elles par les hommes et ça jusqu’à la mort. Lors de l’année de Grâce on se rend rapidement compte que l’ennemi de la femme peut être les femmes elles-mêmes, pas seulement les hommes mais aussi la mentalité qui a été inculquée par la société dans laquelle elles vivent. Ne cherchez pas de l’entraide et du girl power dans ce livre car vous serez bien déçu(e) de vous rendre compte au fil du temps que, comme il est dit dans le film « Le jour où je l’ai rencontré » : « On vit seul, on meurt seul, tout le reste n’est qu’illusion. » Bien évidemment il en faut toujours un peu, toujours un moment où il y a des alliances mais tiennent-elles vraiment ?

« Il existe un lieu secret au fond de nous où ils ne peuvent ni nous voir ni nous atteindre. Ce qui brûle en toi brûle en chacune d’entre nous.« 

J’avais vu que pas mal de personnes trouvaient le livre trop prévisible, ils n’ont eu aucune surprise. Je tenais à féliciter ces personnes là parce que personnellement ça a été impossible de mon côté. J’ai pourtant l’habitude des dystopies mais il y a clairement des situations auxquelles j’ai été totalement incapable de penser. Je trouve que le texte est parfaitement bien ficelé de telle sorte que le lecteur reste happé dans l’histoire sans pour autant en avoir marre. J’avais aussi lu que certaines personnes n’arrivaient pas à se projeter dans l’univers du livre à cause d’un manque de descriptions. J’ai trouvé qu’il y avait justement pile ce qu’il fallait pour laisser notre esprit libre d’imaginer totalement l’environnement. Je n’ai même pas eu à forcer mon imagination qui l’a fait littéralement toute seule, après est-ce que ma vision correspondait à celle de l’autrice je ne peux pas vous dire mais en tout cas je trouvais que mon cerveau avait bien fait le boulot tout seul. Il règne une ambiance lourde, sanglante, inquiétante et sombre mais je dois bien dire que la seule chose qui m’a empêché de mettre « coup de cœur » à ce livre ça a été cette romance. Alors je ne vais pas faire l’hypocrite j’adore les romances mais je trouvais qu’elle tombait d’un coup sans aucune raison et surtout très rapidement. En toute logique ça ne se fait pas rapidement parce que le livre est découpé par saison et qu’on voit que les saisons se déroulent mais pour le lecteur c’est très rapide, en quelques pages l’affaire est dans le sac ! Néanmoins l’autrice a su tirer de cette romance quelques rebondissements surprenants que j’ai apprécié.

Je trouve que ce livre aborde de très bons thèmes qui sont mis intelligemment en valeur, certes il y a du sang et des morts mais personnellement j’ai adoré. Tout d’abord on a cette image de rébellion avec notre héroïne qui ne se laisse pas faire et veut devenir une femme indépendante qui n’a aucunement besoin d’un homme à ses côtés pour exister. Je ne sais pas vous mais personnellement j’adore les personnages féminins qui ne se laissent pas faire et qui se battent pour les bonnes raisons. On retrouve bien sûr le fameux patriarcat où les hommes sont les maîtres et les femmes les objets qui ne servent qu’à enfanter. Oui votre féminisme en prend un coup, certes, mais c’est nécessaire pour la suite de l’histoire. Ne nous mentons pas : dans notre génération on aurait été nombreuses à avoir lancées la révolution et s’être assurées que plus aucun d’eux ne puissent jamais avoir d’enfant. Néanmoins tous les hommes du romans ne sont pas des monstres, comme dans la vraie vie, mais n’oubliez jamais que les apparences sont trompeuses même en littérature. Il se trouve que ce roman a soulevé un point qui est très peu évoqué, je trouve, dans la littérature jeunesse : le fait que les filles ne soient pas solidaires entre elles. On y retrouve la jalousie mais également une guerre de pouvoirs et de valeurs. Le roman nous lance sur cette piste : que se passerait-il si elles décidaient de ne former qu’un et de s’aider mutuellement sans jugement et sans haine ? On nous explique clairement que si les femmes formaient une alliance la société s’en sortirait grandi et changerait.

« Mais ce qui semblait si inoffensif au début finit par prendre des allures plus inquiétantes. N’est-ce pas toujours ainsi que l’horreur s’installe ? Peu à peu, sans crier gare, un cran a la fois ?« 

Si on parle des personnages je pense qu’il est en vérité impossible de détester Tierney. C’est notre héroïne, elle se bat pour ses idées et sa survie malgré que la terre entière lui lance des pierres pour la voir mourir. Elle est combative, caractérielle, indépendante et possède un sacré self control ! Bien évidemment quelques fois on s’énerve vis à vis de ses choix mais il faut toujours un peu de confrontation entre le lecteur et le personnage central non ? Les filles qui accompagnent Tierney en année de Grâce sont assez déroutantes, on peine à se repérer tellement elles sont nombreuses néanmoins on arrive à retenir quelques personnes. Peu à peu l’état mentale de tout le monde se désagrège laissant place à des furies ne possédant aucune raison logique, désirant la mort et le sang pour un oui ou un non. J’ai une beaucoup de tendresse pour Gertrude, la seule et unique alliée de Tierney, qui est délicate et discrète. C’est clairement la personne qui se fait harceler pendant tout le long du livre par Kiersten que je considère un peu comme la reine des abeilles des lycée américain. Elle fait mal aux gens pour exister, elle ne sait pas se débrouiller sans son harem et comme la plupart des filles ont peur d’elle elles restent avec pour plus de sécurité. Je ne vais pas donner mon avis sur les personnages masculins, non pas par manque d’intérêt mais simplement parce que je risque de vous spoiler une grande partie des intrigues ce qui serait quand même dommage.

Retombée aussi violemment dans la dystopie j’avoue que ça m’a donné un coup de pep’s ! J’avais un réel manque de ce genre de littérature, comme si elle était tombée dans l’oubli. Néanmoins je compte bien la faire revivre à un moment ou un autre sur ce blog ! En tout cas je vous conseille les yeux fermés cette lecture qui est très entrainante mais brille également par l’intelligence qui se cache à travers les pages du roman ! Ce qui est sûr c’est que si Kim Liggett refait une dystopie je serais en première ligne pour acheter le livre !

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