« L’île des Damnés » : Une île aux milles dangers ☆☆☆☆☆

Salut à tous ! Avec le travail qui a commencé ce mois-ci j’avoue avoir un peu de mal à lire, la fatigue est très présente ces jours-ci. Néanmoins ça ne m’empêche pas de trouver un peu de temps pour lire et d’avoir des coups de cœur ! Il est possible que les articles commencent un peu à s’espacer à cause de cet emploi du temps chargé mais nous verrons ça à la nouvelle année. Aujourd’hui on va parler d’un livre qui m’a gentiment été envoyé par France Loisirs : « L’île des damnés » de Angélina Delcroix aux éditions Nouvelles Plumes. Ca faisait un moment que je cherchais un thriller haletant et original, je pense que je peux enfin dire que c’est chose faite !

Comment exercer son métier lorsqu’on ne croit plus en la justice ? L’adjudant Joy Morel est en plein doute lorsqu’elle est appelé pour une mission secrète. Il existe une île où se trouve un ancien hôpital psychiatrique, une île verdoyante dont seul le gouvernement semble avoir connaissance. En ce lieu ont été envoyé les pires criminels : nécrophiles, chefs de sectes, psychopathes, cannibales,… Ces gens sont laissés en total liberté sur ce bout de terre pour y rester éternellement. Chloé, psychocriminologue venu sur l’île sous couverture pour mener une étude, et Rod, l’agent chargé de la protéger, ne donnent plus signe de vie. Leur seul espoir ? Joy et son collègue Hoche qui vont devoir intégrer cette communauté monstrueuse afin de pouvoir les sauver. Ils prennent un aller mais un retour est-il possible ?

On va commencer par la couverture et honnêtement j’avoue être plutôt neutre. C’est un livre destiné aux adultes par conséquent la couverture n’est pas des plus incroyables et surfe sur la vague du classique avec simplement une photo. Pas énormément de couleurs parce que c’est un thriller, aucune prise de risque ici. L’image représente une île au milieu de la mer avec un bâtiment au centre ce qui colle parfaitement avec l’histoire du livre. Le côté marroné rappelle un peu les vieilles photographies qui s’abiment avec le temps, j’ai envie de dire pourquoi pas.

Si je ne me trompe pas il s’agit de mon premier coup de cœur dans les envois de France Loisirs ! A chaque fois je déplore le côté romantique des thrillers que je reçois parce que pour moi ça n’a pas sa place. Ici on se trouve dans un univers totalement sombre et glauque qui tourne vraiment autour des mystères et de la psychologie de personnages complexes. Quel plaisir de se plonger dans une histoire aussi morbide qui tient ses promesses ! C’est la première fois que je tente un livre de cette autrice mais c’est sûr que j’y retournerais et pourtant je lis très peu de livres de personnes francophones. Autant vous dire que j’ai été séduite par cette plume mystérieuse et cash qui a su créer une enquête trépidante et rythmée !

Au début j’avoue avoir été un peu déboussolée par le fait qu’il y est l’enquête principale, celle de la recherche de Chloé, et une enquête secondaire avec la famille du jeune Antonin. Je ne voyais pas très bien le lien mais Angélina Delcroix parvient à merveille à constituer un puzzle dont elle sait accorder les pièces au bon moment afin que le lecteur reste à l’affut. Le livre a une très bonne découpe avec des personnages palpitants qui seront vous engouffrer dans les méandres d’une île saugrenue.

On sent que l’autrice a été énormément inspirée par les criminels américains ainsi que par la prison d’Alcatraz. En effet, si on y réfléchit bien, une prison sur une île c’est finalement assez proche de l’établissement de l’île d’Alcatraz qui a été fut un temps une prison militaire puis fédérale de haute sécurité avant d’être aujourd’hui un site historique qui accueille chaque année plusieurs millions de touristes. Pour ce qui est des criminels j’avoue que mon cerveau a fait des parallèles avec le mémoire que j’ai eu l’occasion de faire sur les tueurs en série et les influences qui en ont découlé. Impossible de ne pas remarquer que le chef de secte de l’île, Trip, semble avoir pas mal de similitudes avec Charles Manson et son harem de fidèles féminines. Pour ce qui est du personnage de Nécro je l’ai perçu comme une sorte de Jeffrey Dahmer physiquement mais relativement différent mentalement. D’ailleurs, je pense que vous l’avez remarqué, sur cette île personne ne s’appelle par son nom mais plutôt par l’acte qui la condamné à errer à cet endroit (Trip pour la drogue, Nécro pour la nécrophilie, Canni pour le cannibalisme,…).

Il est intéressant de voir la portée philosophique de ce thriller qui nous oblige à nous poser bon nombre de questions sur la justice ainsi que sur la définition d’une personne bonne ou mauvaise. Lorsqu’on commence le roman nous somme comme l’adjudante : il y a des règles, lorsqu’on les enfreint on finit derrière les barreaux et on ne devrait pas avoir de possibilités de revoir la lumière du jour. On parle bien sûr de cas de pédophilies, de meurtres, de cannibalismes et autres pratiques tout aussi monstrueuses. Du moment où Joy va connaitre plus en profondeur certains personnages notre esprit va à son tour être manipulé. Au final qui sont les méchants de l’histoire ? Bien sûr je ne parle pas de pardonner les actes horribles mais plutôt de sentiments humains. On ne peut pas s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour certains parce qu’on est persuadé qu’ils peuvent changer, ils ont commis une erreur mais sont-ils incapable d’être réhabilités ? Et la justice qui a créé cette île secrète en faisant croire ces gens pour mort ne jouent-ils pas au même jeu qu’eux en les obligeant à vivre sur une île entourée de monstres comme ils l’ont été désigné mais parfois à des degrés drastiquement différents ? N’est-ce pas une forme de torture de les empaqueter de cette manière ? Certes aucune chance de les revoir, aucune chance de refaire du mal à quelqu’un, néanmoins certains ne sont pas les monstres vendus par la justice et Joy va vite s’en rendre compte.

Il y a un sentiment de danger qui ne cesse de couler dans nos veines lors de cette lecture, une forme d’oppressement. On n’a pas du tout envie d’être à la place de Joy qui doit rester sur ses gardes 24h sur 24h. Ca nous montre la réinsertion d’une manière totalement différente, chacun peut se créer sa propre opinion ! Si au début l’idée d’une île où vivent des tueurs, et autres spécimens tout aussi discutables, me semblait une bonne idée pour éviter qu’ils ne reviennent à jamais désormais je trouve que c’est simplement une idée dangereuse. On ne peut pas mettre en liberté sur un même endroit une femme qui a tué une seule fois sans prendre vraiment de plaisir et un homme qui a commis plusieurs meurtres, qui a torturé et violé par simple plaisir sanguinaire, comme dirait Inès Reg les calculs ne sont pas bons Kevin.

On peut dire que l’autrice n’hésite pas à malmener ses personnages, personne n’est à l’abri dans cette histoire. J’aime le fait qu’elle nous emporte vraiment au fond des personnages afin de les comprendre et de nous faire notre propre idée de qui ils sont. C’est une expérience tellement traumatisante qu’on passe notre temps à plaindre une grande partie des personnages. Personnellement j’ai été marquée par Meuli et Co, des personnages aux caractères forts et différents mais qui sont touchantes. Désolé pour les personnages masculins mais il a été très compliqué de vraiment les apprécier, sur une île pareille c’est logique. Je ne vais pas rentrer dans le détail des personnages comme je le fais habituellement pour la simple et bonne raison que je risquerais de vous influencer, voir de vous spoiler, alors je préfère rester dans la neutralité.

Pour moi c’est un succès indéniable, un thriller parfait avec des notes sanglantes et percutantes ! Si vous êtes fan de ce style littéraire alors ne cherchez plus c’est le moment de le commander au père Noël. Avis aux amateurs de morbide, de sombre et de personnages complexes, c’est le moment de sauter sur ce roman ! C’est avec certitude que je vous dis que l’aventure de Joy Morel ne vous laissera aucunement indifférent.


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