« Felix Ever After » : Qui suis-je ? ☆☆☆☆,☆

Salut à tous ! Pour vous ça ne fait qu’une semaine que nous nous sommes quittés mais au moment où vous lisez ces lignes il s’est bien écoulé deux semaines pour moi depuis mon dernier article. Le mois d’août a été un enchainement de services presse divers et variés, que vous allez d’ailleurs pouvoir rapidement découvrir. Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui fait partie de cette fameuse liste de livres que j’ai pu découvrir avant la sortie officielle. Le jour où sort cet article l’ouvrage que je vais vous présenter et déjà apparu chez vos libraires (et autres boutiques en ligne ou non selon vos préférences) depuis une semaine et je n’ai aucun doute sur le succès qu’il va avoir auprès de la sphère young adult. Je ne vous fait pas languir plus longtemps, et de toute manière vous avez vu le titre de cet article, je vous partage aujourd’hui mon avis sur « Felix Ever After » de Kacen Callender, traduit par Manu Causse, chez les éditions Slalom. Je tenais à remercier NetGalley et les éditions Slalom pour m’avoir transmis ce livre avant sa sortie !

Felix possède de nombreuses étiquettes : trans, noir et queer. Pourtant son identité reste trouble pour lui et la question qu’il se pose est la suivante : comment avancer dans la vie quand on ne parvient même pas à savoir qui on est ? Le jeune adolescent lutte pour s’affirmer mais il va devoir faire face aux jalousies, aux critiques et à des attaques très violentes psychologiquement. Felix va rapidement se rendre compte que c’est dans les épreuves les plus dures de notre vie que se créent les plus belles amitiés ainsi que les plus fortes histoires d’amours.

Vous connaissez la chanson on commence toujours par parler de la couverture avant de s’attaquer au contenu et que dire mise à part que cette illustration est absolument magnifique ! Ce mélange de couleurs orange, rouge et jaune qui n’est pas sans rappeler le phœnix qui renait de ses cendres est particulièrement hypnotisant ! Les fleurs ajoutent une forme de douceur et de délicatesse à l’esthétique de la couverture. Felix, le héro de notre livre, nous regarde avec ses yeux empreints à une forme de joie, de fierté et de chaleur qui nous met immédiatement en confiance. Je trouve que le visuel est incroyablement beau par ses détails, et lorsque que l’on connait un peu plus en profondeur le livre on peut presque se laisser penser que Felix s’est peint lui-même pour montrer qui il est à travers ses yeux d’artiste.

Je suis impatiente de parler de l’histoire mais je voulais tout d’abord rebondir sur la note de l’auteur qui m’a particulièrement touchée, au point que j’en ai eu les larmes aux yeux. Lorsque je lis un livre je m’intéresse dès le début à la personne qui l’a écrit, à son histoire, pour observer si au cours du roman je peux percevoir quelque chose de personnel. Je savais déjà que Kacen Callender était une personne trans, noir et queer comme son personnage principal et je ne peux m’empêcher de penser qu’à travers son personnage elle y a laissé une partie d’elle. Lors de la lecture du « mot de l’auteur » beaucoup de souvenirs me sont revenus en mémoire et je n’ai pu m’empêcher de me rappeler à quel point il est important d’avoir des personnages qui nous ressemblent. Ils sont une forme de moteur : on se sent moins seuls, compris par quelqu’un même si c’est un personnage fictif. En tant que femme blanche, cisgenre et hétéro je n’ai jamais eu de peine à m’identifier à un personnage, à avoir des modèles fictifs qui m’ont percuté, mais je n’oublie pas que ce n’est pas le cas de tous et qu’une diversité de personnages de tous genres, tous horizons et sexualités est importante. Je commençais doucement à lire ses paroles et soudain elle a parlé du personnage qui l’a fait se sentir compris : Adam Torres. Au moment même où j’ai vu ce nom j’ai compris. Je fais partie de ces gens qui ont connu l’adolescence de « Degrassi : Nouvelle Génération » et qui ont grandi en regardant les aventures de Adam, Drew, Ali, Eli, Claire et j’en passe. Degrassi m’a marqué pour la vie, de par ses leçons de vie jusqu’aux personnages diverses mais si représentatifs de notre société. On pourrait se dire que ce n’est qu’une série pour adolescents mais il faut savoir voir au-delà. C’est une série qui a toujours été, pour moi, une des plus progressistes de l’histoire de la télévision même si elle n’a pas fait énormément de bruits en France (bien dommage d’ailleurs…). C’est l’heure du petit point culture : le saviez-vous ? Adam Torres a été le premier personnage transgenre à parler explicitement de son identité dans toute l’histoire de la télévision (pour rappel Adam est arrivé sur les écrans en 2010 ce qui est quand même très récent). Adam a permis à beaucoup de personnes de découvrir ce qu’était être transgenre, a aidé des personnes à découvrir qui ils sont et ça me touche énormément de voir qu’un personnage de Degrassi ai pu marquer les esprits de cette façon. Kacen Callender a expliqué espérer que ce livre touchera une personne comme Adam l’a marqué et aidé, mes larmes sont apparus automatiquement rien qu’à cette joli pensée. J’ai trouver cette phrase tellement touchante !

Il y a tellement de choses à dire sur ce roman ownvoice et à la fois c’est toujours complexe de parler d’un livre qu’on apprécie autant. J’ai totalement adhéré à la manière d’écrire de l’auteur ! Ce sentiment qui s’empare de nous lorsqu’on a l’impression d’être un confident du personnage principal, cette proximité à travers l’écrit est toujours très agréable ! Un langage commun et parfaitement accordé à l’âge des protagonistes de l’histoire. Tout l’univers paraissait assez réaliste pour nous permettre de plonger dedans et nous projeter. Il est sûr que Kacen Callender a un réel talent pour transmettre de belles idées et parler de combats actuels percutants. Qu’en est-il des sujets abordés ?

Sachant que je ne suis pas une personne concernée par la transidentité ou le racisme je vais parler de mon point de vue extérieur mais comme toujours je vous invite à regarder les avis des personnes concernées parce que j’ai pu passer à côté de certaines choses importantes. On se trouve face à un roman qui est un véritable hymne à l’amour, à la diversité et à l’acceptation de soi qui fait plaisir à lire ! Au début j’avais un peu peur de me pencher sur cette lecture, d’être trop éloignée de Felix pour me sentir concernée mais c’est totalement faux et je suis ravie d’avoir découvert cette histoire. Il y a une diversité de sujets et de personnages tous plus complexes les uns des autres mais à la fois si percutants et intéressants qu’on ne peut lâcher ce roman !

Le sujet central est, bien évidemment, la transidentité de Felix. Qui est-il vraiment ? Comment se définit-il ? On assiste à ses doutes et à sa recherche de soi-même, c’est une aventure aussi bien complexe que touchante. Avons-nous vraiment besoin d’une étiquette ? En vérité ça dépend des personnes mais il arrive qu’on veuille se définir par des mots clairs et c’est le cas de Felix qui recherche le terme exacte pour définir ce qu’il est au plus profond de lui. Nous avons de la compassion pour le jeune homme qui a l’air tellement malheureux de ne pas trouver de mots pour se définir, qui a l’impression d’être seul au monde face à ses questionnements d’identités. Je trouve que ce livre est une bonne introduction à découvrir la transidentité, en apprendre un peu plus sur ce que ça signifie et également sur les persécutions qui peuvent en découler. Je n’ai jamais compris cette haine. En quoi la manière dont une personne se définit est un frein pour vivre aux autres êtres humains de cette planète ? En quoi ça regarde les autres la manière dont une personne vit ? Ce qui arrive à Felix dans ce roman est tellement violent et abjecte que j’étais folle de rage à chaque page, bien décidée à trouver qui était le coupable de la monstruosité de l’acte qu’il a subi. A travers son histoire Felix parle de la transidentité des personnes de couleurs, la place que celle-ci a dans la société et même au sein de la communauté LGBTQ+ en général. Son histoire est bouleversante et percutante en plus de permettre aux personnes non-concernées de s’éduquer sur de nombreux sujets.

Petite parenthèse qui m’a plu et qui m’a énormément marqué dans l’un des chapitres : le fameux débat de la séparation de l’artiste et de l’œuvre. Vaste débat qui est toujours aussi complexe de nos jours, même en littérature comme on a pu le voir avec Harry Potter et JK Rowling. En vérité ça m’a fait réfléchir sur énormément et j’ai trouvé les arguments vraiment percutants et intéressants parce que même si le débat concerne deux personnages aux avis clairement opposés j’ai trouvé qu’ils se valaient l’un comme l’autre. J’y ai vu de l’intérêt dans le sens où on voit souvent les gens sur les réseaux sociaux donner leur avis sans vraiment d’arguments sur ce sujet et voir ici deux jeunes hommes montrer la validité de leur vision avec des idées tout autant valables c’était vraiment chouette et ça pousse à la réflexion. Encore aujourd’hui c’est un sujet qui me questionne et au vu de la place de l’art dans cet ouvrage j’ai trouvé intéressant que l’auteur rentre dans ce débat sans pour autant prendre un réel partie mais en étant neutre.

Au-delà des problèmes sociétaux l’histoire de Felix est également celle de sa relation avec ses ami(e)s et sa famille. Au premiers abords on remarque que c’est un adolescent plutôt solitaire mais pourquoi ? C’est un garçon tellement solaire qu’on peine à le croire et pourtant. Tout d’abord Felix vit seul avec son père et c’est une situation qui fait mal au coeur quand on sait que cette situation est assez violente pour le jeune homme, on pourrait même dire que c’est une des pièces au centre de son mal-être. Sa mère les a abandonné et n’a plus jamais parlé avec aucun des deux pourtant le jeune garçon ne peut s’empêcher de penser à la personne qui l’a mis au monde et à partir à la recherche de son amour. Il lui écrit des mails mais ne les envoient jamais, peut être par peur de se heurter encore une fois à un mur de silence et de déception. Son père peine avec la transidentité de son fils ce qui va être un très long combat entre les deux pendant une bonne partie du livre, il a des difficultés à comprendre qu’il n’a pas une fille mais un garçon sous son toit. Néanmoins on sent que Felix est aimé par son père, qu’il essaye de le comprendre et de le soutenir. Je trouve qu’il est assez rare dans la littérature young adult de trouver une figure paternel comme celle-ci, un peu maladroit avec tellement de bonnes attentions, c’est vraiment très agréable ! Felix a un ami, Ezra, qui est littéralement son pilier. C’est la figure protectrice de Felix, cet ami qui serait prêt à tout pour te soutenir. Dans l’ensemble Felix s’est bien entouré et il va savoir choisir ses ami(e)s très rapidement en fonction du comportement qu’ils auraient avec lui ce que je trouve très bien ! Bien sûr il y aura des déceptions et des cœurs brisés mais est-ce vraiment mal de perdre des « ami(e)s » quand ils vous manquent de respect ? Quand ils vous dénigrent ? Quand ils ne cherchent pas à vous comprendre ou a réellement vous connaitre ? Je ne crois pas…

Felix n’est bien sûr pas parfait, il a des défauts, mais n’est-ce pas pour cela qu’il est un personnage aussi réaliste ? N’est-ce pas plus beau d’être imparfait ? Il ne souhaite qu’une chose c’est être heureux et on ne peut pas lui reprocher. Tellement de barrières s’élèvent devant lui et même si des fois il est compliqué de les passer ça n’empêche pas le jeune garçon de les détruire. C’est un garçon intelligent, sensible, créatif, peu sûr de lui et tellement attachant. Il veut tomber amoureux, savoir ce que ça fait mais il a peur d’être aimé et de perdre cet amour. C’est adorable ! Ezra a été mon personnage préféré, il a été pour moi l’ami que tout le monde désire : gentil, attentionné, combatif, déterminé et ouvert. C’est un personnage qui écoute les autres et qui ne parle jamais pour ne rien dire. J’ai eu beaucoup de mal avec le personnage de Declan et encore aujourd’hui je ne l’apprécie pas. Je ne suis pas fan des personnages dont on découvre des failles au fur et à mesure comme pour expliquer un comportement pas des plus sympathiques. Bien évidemment ce n’est pas un des pires mais comme c’est un personnage assez important de l’histoire je voulait soulever ce point. J’ai beaucoup aimé une des jeunes filles de la bande, Leah, qui se montre discrète au début mais qui devient un véritable papillon au fur et à mesure des pages qui se tournent.

Je crois que c’est la première fois que je lis un roman ownvoice dont le personnage central est une personne transgenre mais j’ai beaucoup aimé, ça m’a permis de m’éduquer sur le sujet et de vivre à travers Felix ses malheurs et ses joies. C’est une histoire accessible et dynamique avec des thèmes complexes, passionnants et percutants qui seront en séduire plus d’un c’est une certitude ! Un écriture délicate et sincère qui amène à se questionner, un petit bijou qu’il vous faut à tout pris dans votre bibliothèque !

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